INTERVIEW DE MAXIME HERBAUT, AUTEUR
Maxime Herbaut est l'auteur du roman Monsieur Crousticracq. Si vous ne les connaissez pas encore tous les deux, nous vous invitons à lire cette interview réalisée par notre rédactrice Maïa Dugaire.
Bonjour Maxime ! Je suis très heureuse d'enfin pouvoir discuter avec toi de Monsieur Crousticracq, l'un des premiers romans à avoir été signé chez Glamencia Éditions. Était-ce effrayant aux premiers abords de confier ton manuscrit à une nouvelle maison d'édition ?
J'écris depuis plus de 20 ans mais je n'ai commencé à publier qu'en 2019. Quand j'ai envoyé le manuscrit à Glamencia Éditions, j'avais déjà publié 3 autres romans, c'était le 4ème et dernier de ma liste qui n'ait pas encore d'éditeur. En raison de son caractère atypique et expérimental, d'autres maisons d'édition l'avaient déjà refusé. Je ne m'attendais pas à un oui, le roman était peut-être trop en dehors des clous, trop personnel. Mais les plus jeunes maisons d'édition sont aussi souvent les plus aventureuses, et c'est comme ça que Monsieur Crousticracq est parti à la rencontre de son lectorat.
Ton one-shot est un cosy mystery. Pourrais-tu présenter ce genre en plein essor, et nous expliquer ce qui t'a poussé à en écrire une histoire ?
Le cosy mystery est un nom inventé récemment pour désigner un type de fiction très ancien, qui remonte à Agatha Christie. J'ai écrit ce roman vers 2007-2008, avant que ce terme ne soit couramment utilisé. Il s'agit en général d'intrigues policières tournant autour de meurtres dans un décor bien défini, avec une ambiance très forte, le genre de lieu où l'on aimerait plutôt passer ses vacances (cottage anglais, palace 5 étoiles etc). On y trouve aussi une galerie de personnages excentriques et truculents, qui multiplient le nombre de suspects possibles et compliquent l'enquête. Mon roman se déroule à Paris, pas dans un huis clos particulier mais dans toute la ville, ce qui sort un peu de la définition stricte du genre. En revanche, le fait que l'intrigue se situe dans le monde des chips lui donne ce côté un peu décalé et humoristique que l'on peut retrouver dans le cosy mystery. L'inspiration de l'histoire est liée à une fascination de longue date pour les mascottes publicitaires, des personnages étranges, avec une identité visuelle très forte, mais dépourvus d'histoire ou de personnalité. Ce sont des enveloppes vides, des êtres creux, qui n'existent que par association avec un produit, pour aider à le vendre. Je me suis demandé comment doter un tel personnage d'une réelle profondeur, d'un univers propre. Comment cette enveloppe vide pourrait avoir un impact définitif sur l'existence d'êtres humains. C'est ainsi que Monsieur Crousticracq est né. Au départ une longue nouvelle, il s'est peu à peu transformé en roman.
Est-ce difficile de construire une histoire où tout le monde doit être plus ou moins suspect ? Connaissais-tu le dénouement de ton intrigue en commençant à l'écrire ?
Oui, je connaissais le dénouement, c'est indispensable quand on s'attaque à un thriller policier : savoir qui est derrière les meurtres et pourquoi. C'est un roman assez court avec peu de personnages, la galerie des suspects est donc resserrée. Il faut que plusieurs personnages aient des motifs crédibles pour tuer, et semblent suffisamment inquiétants pour en sembler capables. Le dénouement éclaire et explique tous ces aspects, il fallait donc l'avoir avant de commencer sérieusement la rédaction du roman.
Ta couverture est très bien réalisée : on l'identifie très rapidement et les tons choisis fonctionnent à merveille. Avais-tu une idée de ce que tu souhaitais comme visuel, avant d'échanger avec Glamencia Éditions ?
Pour le visuel, la graphiste choisie par Glamencia a vraiment fait un excellent travail, à tel point que j'en ai fait ma photo de profil sur les réseaux sociaux ! J'ai pu échanger en détail avec Glamencia sur mes souhaits pour la couverture, qui ont été respectés à la lettre. Je voulais une image évoquant la mascotte, Monsieur Crousticracq, avec son chapeau melon et ses moustaches, mais sans visage, sans yeux, pour lui donner un aspect fantomatique. Après tout, Monsieur Crousticracq n'existe pas vraiment, ce n'est qu'une image sur des paquets de chips, un rôle que jouent différents acteurs dans des publicités. Je voulais que ce fantôme publicitaire flotte dans le ciel au-dessus de Paris, où se déroule l'histoire, il fallait donc représenter la ville par certains de ses immeubles les plus célèbres, et la tour Eiffel. Le tout devait rester dans un style symbolique et un peu cartoon/BD, pour correspondre à ce côté irréel et enfantin de la mascotte. Pas de photoréalisme dans la couverture, donc. Il y a d'autres éléments qui symbolisent des épisodes-clés du roman, comme l'échelle, l'étoile, mais je ne peux pas en parler sans faire de spoilers. J'aime l'idée d'une couverture qui raconte l'histoire du livre par symboles et messages codés, que l'on comprend mieux après lecture. Cette couverture est finalement un petit résumé du roman.
Ton roman est souvent mis en avant par son côté mystérieux. Quelle place joue l'amour dans tout ça ?
Le roman reprend les codes de l'enquête policière, il y a donc une certaine dose de mystère indispensable à la recette. Il s'éloigne cependant du thriller policier classique dans la mesure où le point de vue n'est pas celui d'un détective ou enquêteur spécialisé, extérieur à l'intrigue : on suit l'histoire et ses rebondissements de l'intérieur, à travers les yeux et les voix de deux narrateurs qui font partie des potentielles futures victimes... ou pourraient très bien être l'assassin ! On peut chercher des indices aussi bien dans leur vécu que dans leur façon de raconter les choses. La série de meurtres qui propulse le récit va être l'occasion de réactiver un ancien amour sombré en léthargie depuis de nombreuses années... mais qui ne va pas du tout prendre la forme attendue ! Difficile, là aussi, d'en dire plus sans dévoiler certains ressorts-clés du scénario. Disons que cet amour est plutôt une sorte de mystère à l'intérieur du mystère... (on voit des des gens brandit des oeufs et des tomates au dernier rang).
Depuis plusieurs mois, tu es assez actif auprès de ton public pour rencontrer tes lecteurs dans le cadre de dédicaces. Ces échanges sont-ils importants, pour toi ? Y aurait-il de nouvelles villes ou de nouveaux salons que tu aimerais toucher ?
Oui, ces rencontres en direct avec le public sont très importantes pour moi, ce sont les moments qui permettent à mes livres d'exister et de se faire connaître en dehors de la sphère des réseaux sociaux. Cela me permet aussi de faire découvrir mes maisons d'édition, qui n'ont pas toujours beaucoup de visibilité en librairie. Les villes où je me rends sont celles qui se trouvent dans le périmètre géographique où je réside, il est difficile d'aller très loin. Les salons sont intéressants mais représentent un investissement conséquent, aussi bien pour les auteurs que pour les maisons d'édition. Je préfère me concentrer sur les dédicaces et rencontres en librairie et médiathèque.
As-tu, par hasard, eu la curiosité de lire d'autres auteurices publiés chez Glamencia Éditions ? Si oui, lesquels ?
Étant publié dans plus de 15 maisons d'édition différentes, j'aimerais avoir le temps de lire mes collègues dans chacune d'elles, mais pour l'instant je n'y arrive pas ! Un jour, peut-être...
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